Depuis 3 ans maintenant, après la réalisation du GR400 en solo, l’amour pour les treks s’est emparé de moi. Alors, un peu comme une nouvelle habitude que je me suis imposée, chaque été la nouvelle question existentielle est : où-vais-je donc partir randonner cette fois-ci ? Mais cette année, la réponse est venue toute seule lorsque j’ai été sélectionnée pour la Bourse d’Expé Helloways parmi de nombreux autres photographes/randonneurs/aventuriers. L’idée est simple : tester l’un des parcours proposé afin de mettre à l’honneur nos beaux paysages français. Pas besoin d’aller bien loin pour se dépayser donc. Et justement, l’Auvergne est maitresse pour dépayser ses visiteurs. En particulier le Cézallier, cette zone fabuleuse à cheval entre Cantal Puy-de-Dôme et Haute-Loire, territoire souvent surnommé « La Petite Mongolie Auvergnate » ou « La Petite Ecosse » que j’ai eu l’honneur de découvrir durant ce trek. Me voilà donc partie pour 8jours de marche, 135km et 4000m de D+ sur le Tour des Vaches Rouges au cœur de ces steppes incroyables !
Accès : Il est possible de se rendre à Egliseneuve-d’Entraigues en bus depuis Clermont-Ferrand !
Vous pouvez retrouver les informations pratiques et le tracé gpx sur le site Helloways.

Jour 1 – D’Égliseneuve-d’Entraigues à Brion – 16 km

Le départ se fait donc de l’église d’Egliseneuve-d’Entraigues, jolie commune du Puy de Dôme nichée au pied du Massif du Sancy. Quelques courses de départ (boites de sardines et salades niçoise tu connais) peuvent se faire à la supérette du centre et des informations utiles peuvent être glanées à l’office de tourisme elle-même collée à la Maison des fromages d’Auvergne, belle adresse pour embarquer un bout de Cantal ou de Saint Nectaire dans le sac. C’est ici que le responsable nous indique le point de départ de la rando, en contrebas de la ville. Soucieux de nous prévenir, il nous indique une première montée assez raide dès le départ. Mais il en faut plus pour nous décourager et on entame donc cette première côte à l’ombre pour laisser derrière nous les derniers bruits de voiture.
Très rapidement, les paysages typiques du Cézallier s’ouvrent sous nos yeux. On nous les avait promis, ils sont là. D’immenses étendues aux herbes dorées, des troupeaux de vaches qui ponctuent ces hectares de pâturages et, au milieu, notre sentier qui serpente ça et là. Les éléments caractéristiques de ce territoire rural reculé sont tous là : les piquets de bois qui délimitent les prairies, nos copines à cornes qui broutent sagement et, au loin, l’horizon joliment vallonné qui nous raconte le passé volcanique et glaciaire de la région. Sur le côté, la silhouette massive du Sancy se dessine, apparaissant comme un mirage dans l’atmosphère brumeuse de cette chaude journée d’été. Les températures sont brûlantes et les paysages prennent un air de désert dans lequel il est de plus en plus difficile de trouver un coin d’ombre à mesure que nous avançons. Heureusement nous croisons quelques petits cours d’eau dans lesquels nous trempons les casquettes, la nuque, les mains et même les pieds.
Puis il y a cette dernière ligne droite qui nous parait interminable, en plein cagnard (plein soleil quoi, pour ceux qui viennent pas du sud). Ce n’était pas prévu qu’il fasse aussi chaud en Auvergne. Moi qui espérais un peu de fraicheur avec cette randonnée…. Alors on s’abrite sous le seul grand arbre qui apparait au loin, telle un Eden inespéré. C’est hors sentier, c’est derrière des barbelés qu’on enjambe difficilement avec les sacs mais tant pis, il nous faut de l’ombre avant de sécher comme de vieux raisins.

Après quelques minutes de repos à l’ombre, l’appel de la sieste est tentant mais nous repartons vers la Godivelle, l’un des villages les plus attrayants du Cézallier. Avec ses maisons de pierres volcaniques, son emplacement (en plein milieu d’un rien fabuleux) et ses deux lacs, c’est un des points de chute touristique les plus emblématiques du coin. Une pause s’impose en bordure du lac d’en haut, merveilleuse retenue d’eau paisible au creux d’un ancien cratère, avant de terminer notre route jusqu’à l’hébergement du soir à Brion. Nous laissons derrière nous le village et le Lac d’En Bas (inscrit auprès de la Réserve Naturelle des Sagnes et de La Godivelle) pour rejoindre un très beau passage en foret qui nous monte jusqu’à Brion Haut, hameau de montagne qui donne l’impression de se retrouver en plein décor de film ! Quelques maisons, un foirail (toujours utilisé), des corps de ferme typique et une motte féodale suffisent à peindre ce tableau installé sur les hauteurs du Cézallier profitant d’une vue à 360° !

Encore quelques mètres et c’est la récompense lorsque l’on parvient aux « Cabanes du Cézallier« , petit coin de paradis où l’on retrouve, ô bonheur, un petit camion de glaces artisanales tenue par l’adorable patronne. « Une boule verveine et une boule framboise s’il vous plait« , et me voilà avachie dans un banc, à l’ombre, pieds nus face aux paysages grandioses. Ce soir, nous dormirons en cabane, face à ces paysages et sous un ciel merveilleusement étoilé.

Où dormir : –http://www.lacabaneducezallier.sitew.fr/
Où manger : http://www.ecirangelique.fr/
Jour 2 – De Brion à Anzat-le-Luguet – 17 km

Impossible de louper le départ de ce 2ème jour : le sentier file en face de la cabane, en pleine pampa, sur un sublime monotrace au milieu des champs. Cette partie est tout simplement magique ! Tandis que la lumière réchauffe peu à peu l’atmosphère, la brume se dégage et laisse apparaitre les paysages à perte de vue. Rapidement nous arrivons à l’un de mes coins favoris du Cézallier : le village de Jassy. Joliment installé en pleine campagne, le ruisseau de la Couze d’Ardes le traverse pour dégringoler en deux magnifiques cascades derrière les maisons. Les deux chutes d’eau se rejoignent facilement et offrent des décors presque tropicaux (quand il n’y pas de neige du moins) où l’on pose les sacs le temps d’une baignade (pour les plus courageux car l’eau est fraiche !). Nous ne repartons pas sans avoir acheté quelques délicieux fromages de chèvres ou morceaux de St Nectaire à la ferme du village pour le pique nique du midi avant de continuer notre route.
C’est au niveau de Boutaresse, quelques kilomètres plus loin, qu’il est alors possible de couper la boucle pour rejoindre directement Pradies. La boucle peut alors se réaliser en 4/5 jours seulement pour ceux qui souhaitent raccourcir. On ne vous jugera pas, promis.)
Sinon (et là je m’adresse aux plus costauds), nous continuons en direction de Parrot, petite station familiale de sport outdoor et nordique à 1270m d’altitude. Un village vacances permet d’accueillir du public et nous rappelle des souvenirs de classe verte. De l’autre côté de la route, le Signal du Luguet, point culminant des Monts du Cézallier (1574m), peut se rejoindre en aller-retour depuis le col. Pour ma part, j’opte plutôt pour la buvette du coin !
C’est ensuite au cœur du cirque glaciaire d’Artout, majestueuse vallée circulaire classée Zone Naturelle d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (« ZNIEFF » quoi), que nous marchons aux côtés de plusieurs petits cours d’eaux dont le glouglou nous rafraichit face à cette chaleur de plus en plus écrasante. Une dernière côte nous conduit au très calme hameau du Luguet où nous séjournons pour la nuit avec une jolie vue sur les toits de lauze.

Où manger : https://www.les-gentianes.fr/
Où dormir : https://www.forgeduluguet.fr/ La chambre d’hôte propose aussi des gouter et une buvette pour les marcheurs de passage, mais il n’y a rien d’autre pour se restaurer dans le hameau !
Jour 3 – De Anzat-le-Luguet à Laurie – 20,9 km

Nous partons ce matin dans une brume enveloppante et un vent chaud. Au loin, les paysages se découpent joliment dans le brouillard. Après deux journées très chaudes, c’est presque un plaisir d’enfiler une veste chaude (et de rentabiliser cet achat!). Je redécouvre le plaisir de partir tôt, à la fraiche. Les kilomètres passent plus rapidement et l’ambiance est toute autre. Dans les villages traversés, les volets sont encore fermés et seuls quelques lève-tôt sont déjà dans les ruelles. Les paysages du Cézallier apparaissent totalement différents. Désertiques et brulants jusque là, ils semblent ici beaucoup plus mystiques et l’on ressent tout le calme et le vide de ces zone rurales dépeuplées. Mais ce n’est pas pour me déplaire ! J’ai même l’impression d’avancer dans l’univers post-apocalyptique de The Walking Dead. Les vaches en plus.

La route nous descend à Anzat-le-Luguet où nous trouvons une boulangerie pour le repas du midi puis rapidement nous arrivons à Besse, minuscule village dont les vestiges médiévaux (tour et maisons à pignons), nous charment. Les chats des fermes environnantes nous regardent passer depuis leur coin de sieste au soleil sans daigner bouger un seul poil. C’est ici un tronçon magnifique qui nous mène au bord du ruisseau de La Bave et de son ancien moulin scierie attenant. Ne cherchez pas, il ne reste du moulin que la roue en bois et quelques pierres ça brinquebalantes. Nous rentrons désormais dans une partie beaucoup plus forestière où l’odeur des champignons nous saute aux narines. Mais l’ombre des résineux disparait ensuite au profit d’un décor totalement différent, très ouvert et plus sec, aux allures de paysages méditerranées. Au loin, pas de mer ou de mouettes, mais les teintes violettes de la bruyère en fleurs et des roches brillantes réfléchissant le soleil. Un très beau sentier blanc nous conduit au village de Leyvaux qui semble hors du temps. Une belle église blanchie à la chaux, une ancienne école et quelques maisons typiques sont nichées dans cette vallée secrète. C’est ici que nous décidons de faire halte pour le déjeuner sous l’œil protecteur du Christ. Les chaussures enlevées, on profite de la pelouse douce du jardin de l’église pour se reposer quelques heures.
Un magnifique passage nous attend ensuite à l’ombre d’une foret féérique en direction de Lussaud. Les hêtres centenaires et leurs silhouettes biscornues nous accompagnent. A leurs pieds, des tapis de mousse habitée de centaines de champignons dont de belles girolles qui nous serviront de repas pour le soir. Sur les premiers mètres, on aperçoit encore les anciennes dalles d’un chemin que l’on imagine anciennement utilisé pour les carrioles avant que le sentier deviennent entièrement sauvage.
A notre arrivée au gîte de Laurie, le panneau d’une ferme nous indique la potentielle présence d’œufs pour compléter notre diner. Ce soir, ce sera omelette aux girolles avant de s’endormir sous un ciel étoilé, qui dit mieux?

Où dormir :https://www.hautesterrestourisme.fr/fr/gite-detape-et-de-sejour-de-laurie
Jour 4 – Du Laurie à Peyrusse – 20,5 km

Après la journée de la veille, cette nouvelle étape de plus de 20 km s’annonce assez éprouvante et la flemme m’envahit. Je l’ai toujours dit : sur un trek, le quatrième jour est souvent le plus difficile. Le corps ressent les effets de la fatigue des trois premiers jours et la motivation psychologique commence à nous lâcher. Qui plus est, aujourd’hui nous devons déjà revenir sur nos pas pour retrouver le sentier sur les hauteurs de Laurie, ce qui n’est JAMAIS agréable en rando.
Le premier tronçon n’est pas le plus beau coin de cette randonnée avec un long passage plutôt ennuyeux au milieu de champs cultivés et leurs ballots de foin. Nous traversons quelques hameaux agricoles avant de descendre dans les gorges de la Sianne qui s’annonce plus agréable. De loin, nous voyons déjà cette vallée luxuriante se dessiner avec, au premier plan, toujours, les silhouettes des ruminantes habitant les prés immenses. Nous nous enfonçons peu à peu au creux des gorges pour découvrir en contrebas le Moulin de Fournial magnifiquement restauré. Avec son pont de pierres, sa foret attenante et sa rivière, c’est un véritable havre de paix où l’on s’arrête le temps du pique nique. Dans l’eau, des truites sont présentes abondamment comme souvent en Auvergne, mais également quelques loutres discrètes d’après les dires des habitants…

Le repos ne dure pas longtemps car une importante montée nous attend à la sortie du pont. De celle qui vous casse les pattes et vous empêche de respirer correctement à cause d’une moiteur excessive qui me rappelle les randonnées au Costa Rica. Sauf que cette fois-ci, je n’ai pas de jus de Coco qui m’attend à la sortie. Nous devons donc désormais remonter tout ce que l’on a descendu ce matin. C’est sous les branches des hêtres que nous grimpons difficilement, encore alourdis par les chips et le fromage englouti quelques minutes auparavant. J’aurais dû lire plus attentivement la carte IGN et me douter qu’un repas au sommet serait plus judicieux.
Arrivés sur le plateau, le paysage se transforme et les feuillus laissent place aux pins maritimes qui transforment le paysage. Mais toujours pas de mouettes à l’horizon, seulement des champs de blé et des prairies à l’infini qui terminent de nous accompagner sur le dernier quart nous menant à Peyrusse. Ce charmant village typiquement auvergnat nous accueille pour la nuit pour nous réveiller aux aurores, au son des cloches de l’église.
Où dormir : http://www.lefromentou.fr/
Où manger : Attention ! Sur cette étape les possibilités de ravitaillement sont faibles ! Prévoyez des réserves dans vos sacs ou commandez les plateaux repas au gîte de Peyrusse.
Jour 5 – De Peyrusse à Allanche – 12,2 km

Une étape courte qui fait du bien aux jambes et permet de se reposer à l’arrivée (ou de faire la grasse matinée pour les marmottes) et profiter des beaux paysages du jour ! Le balisage nous fait quitter Peyrusse pour monter sur les hauteurs de Peyrusse le Château (Peyrusse mais avec un château quoi), hameau agricole, avant d’arriver sur un plateau grandiose où nous retrouvons nos décors chéris typiques du Cézallier. Après deux étapes précédentes dans des décors plus fermés, boisés et agricoles (la partie la moins jolie, n’ayons pas peur des mots), nous avons de nouveaux face à nous des prairies en plateau sur des kilomètres à la ronde et les alignements de piquets en bois s’enchainent à perte de vue. Au Col de la Croix de Lampres, on profite même d’un panorama à 360° qui s’ouvre sous nos yeux. Les herbes dorés des champs dansent dans la brise et nous avançons sur un sentier en plein milieu des prairies. C’est à partir d’ici que la boucle opère une bifurcation plein Nord pour avancer face au massif du Sancy et on s’aperçoit dessuite du changement d’ambiance.
Nous faisons une halte à Maillargues dont nous apercevons le clocher au loin avant de rejoindre Allanche en suivant le glouglou de l’Allanche. Clairement les mecs ne s’embêtaient pas à l’époque pour le nom des villes.
Après 5 jours en pleine nature, la ville d’Allanche nous parait presque grande et nous ne savons plus où donner de la tête! Nous avons même le choix dans les superettes du coin ! Nous en profitons donc pour faire des courses et manger un repas chaud au (seul) restaurant du bourg. La belle architecture des lieux invite à la balade une fois les sacs posés pour découvrir le pont romain, les vestiges des remparts ou encore l’église Saint-Jean-Baptiste.
Où dormir : https://www.relaisdesremparts.com/
Où manger : https://www.relaisdesremparts.com/ ou https://brasseriedesestives.com/ pour boire une bière artisanale
Jour 6 – De Allanche à Marcenat – 21,5 km
Au jour 6, c’est une des plus belles étapes qui nous attend malgré les difficultés et les longueurs indiquées. Mais quand les paysages sont beaux, on oublie la douleur il parait. Bullshit.
C’est en quittant Allanche que nous découvrons la cité de plus loin, joliment entourée des anciens remparts aux pieds desquels coule la rivière Allanche. A ses côtés, de beaux jardins et potagers sont installés pour profiter de l’eau à proximité et l’on longe alors le cours d’eau pendant quelques mètres pour arriver au hameau de Bac Bas installé entre l’Allanche et le ruisseau de Laneyrat. Quelques vieux discutent au milieu de la route, quelques chiens de fermes viennent nous renifler, et les vaches se rapprochent des clôtures lors de notre passage. La simplicité de la campagne quoi, celle qui me ressource. Nous restons toujours proche de l’Allanche qui devient notre fils conducteur jusqu’à Pradiers. La monté qui y mène nous offre des paysages spectaculaires où la lumière rasante du matin vient dessiner à merveille les collines alentours. La brume est délicatement posée sur les hauteurs et avance à une vitesse fascinante, dessinant au sol des ombres mouvantes. Les paysages se modifient d’une seconde à l’autre et les rayons du soleil viennent éclairer ça et là un arbre, une maison, telles des dieux projecteurs (de rien pour la ref).

C’est à Pradiers que le sentier rencontre le croisement avec le raccourci évoqué plus tôt, permettant de rejoindre Boutaresse. Nous continuons pour notre part tout droit et arrivons sur un passage merveilleux. C’est à la sortie du village que nous empruntons ce passage féérique qui restera gravé à jamais dans ma mémoire, au cœur de la petite vallée confidentielle du ruisseau de Courbières. Le sentier zigzague le long d’une haie de noisetiers créant un tunnel naturel, au bord de l’eau et entouré de vaches paisiblement installées ici. Pourvu que ce passage dure une éternité!
Nous dépassons les villages de Courbières (où une petite cascade offre une pause agréable) puis de Rascoupet avant d’atterrir dans des paysages hallucinants. Tout s’ouvre et nous avons l’impression d’être en plein désert texan (le port des armes en moins). Quelques poteaux téléphoniques jalonnent ces étendues dorées et le chemin blanc avance dans ces décors d’une aridité exceptionnelle. De larges silhouettes volent au dessus de nos têtes. Ce sont les vautours fauves qui repeuplent peu à peu l’Auvergne depuis 2010. Ne trainez pas sur le chemin, vous risquez de leur servir de repas si ils trouvent vos mollets appétissants…

On avale les kilomètres dans ces décors dépaysants jusqu’au buron de Marquizat perdu en plein champ. Telle une oasis rêvée, un arbre solitaire accompagné d’un bac d’eau nous offrent une fraicheur bienvenue. En regardant à l’Ouest, les formes arrondies des Monts du Cantal apparaissent au loin, comme une fin de carte. Le ciel semble toucher les sommets accessibles des anciens puys volcaniques peu à peu érodés par le temps. Nous ne croisons personne sur cette portion jusqu’aux derniers kilomètres qui nous séparent de Marcenat. La civilisation apparait de nouveau, presque bruyante, avec l’épicerie du village, le café et les cris des enfants jouant sur la place principale.


Où dormir : https://la-maison-en-cezallier.webnode.fr/
Où manger : La boulangerie Gladines dans le centre du village (attention, pas de restaurant sur place !)
Jour 7 – De Marcenat à Montgreleix – 14,5 km

Les deux dernières journées de marche peuvent se coupler pour réaliser le tour en 7 jours. Une dernière étape de 26km est donc possible pour les plus courageux (moi et les coton-tige qui me servent de jambes l’avons fait donc you can do it) !
Nous partons trés tôt ce matin là pour profiter des lumières dorées et réconfortantes de ces journées d’été (et arriver pour l’heure de la bière). Dès les premiers kilomètres, les doux rayons de soleil nous font oublier la fatigue du réveil. Tous les paysages s’enveloppent d’un jaune éclatant et les ombres des arbres s’étirent jusqu’à nos pieds. Nous sortons de Marcenat par les « quartiers résidentiels » un peu à l’extérieur du centre pour nous enfoncer rapidement sur un sentier herbeux en bordure de clôtures. Les chevaux et vaches eux aussi réveillés aux aurores nous accompagnent face à une vue somptueuse sur le massif du Sancy vers lequel nous nous rapprochons. Et comme disait Sylvain Tesson, je suis persuadée que ces amis à poils profitent eux-aussi de ces beaux paysages.
Après un court passage sur le goudron, nous traversons les hameaux presque endormis de l’Estival et de la Maninie. C’est de notoriété publique, les agriculteurs se lèvent tôt et alors qu’il n’est que 7h30 du matin, les vaches sont déjà sorties de l’étable après la première traite ! Le fromage n’attend pas en Auvergne !
Nous descendons à travers champs, seuls, entourés de gentianes encore en fleurs. C’est cette « reine des prés » qui est savamment utilisée pour la confection de la Suze et l’Avèze, deux alcools locaux. Lorsque l’on remonte alors en direction du hameau du Godde, les Monts du Cantal apparaissant au loin et semblent vouloir faire concurrence aux silhouettes plus acérées du Sancy au Nord. A l’horizon, les différents niveaux dessinés dans le paysage sont une enfilade de champs fleuris, de courbes douces habitées de forêts et d’un ciel bleuté à perte de vue. Et tandis que nous nous croyions en pleine cambrouse, le reflet du soleil sur un toit cuivré nous interpelle. Caché en plein foret, le monastère orthodoxe Znamenié et sa coupole en cuivre brillant apparaissent. Mystique à souhait (et presque un peu inquiétant, faut avouer), nous avons l’impression d’être dans un décor de cinéma tant les lieux sont inattendus ici. Sans faire un bruit, nous pénétrons dans l’enceinte pour nous imprégner de cette ambiance particulière avant de revenir sur le sentier.


Après quelques kilomètres sur le versant d’une colline verdoyante, la vallée du Bonjon se creuse sous nos pieds et l’impressionnante cascade du Saillant apparait comme dans un gouffre béant. Effectuant une chute de 20m le long de la roche basaltique d’un noir intense, elle termine en beauté au creux d’une prairie verdoyante qui invite à la sieste. On y fait un aller-retour pour la contempler de plus près avant de grimper en face, sur la Montagne du Saillant. On y découvre, perché à flanc de colline, le buron de Naufonts entouré de nos copines à cornes qui profitent toujours, j’en suis sûre, de la vue imprenable sur les Monts du Cantal d’un côté et le massif du Sancy de l’autre. Quelques mètres nous séparent du Lac des Estives, joli joyau face au village vacance. Mais ne rêvez pas, le lac est malheureusement réservé aux vacanciers et pêcheurs…
Nous apercevons au loin le clocher de l’église de Montgreilex, plus haute commune du Cantal à 1250m d’altitude où nous terminons notre étape !


Où dormir : https://www.sancy.com/hebergement-collectif/gite-detape/
Où manger : https://aubergecezallier.com/
Jour 8 – De Montgreleix à Égliseneuve-d’Entraigues – 11,8 km

C’est une douce sensation de calme et d’apaisement qui s’empare de nous lorsque l’on fait étape dans ce village de montagne. De la vie il y en a, mais comme au ralenti. Cette ambiance pastorale invite à prendre son temps. C’est donc ce que nous faisons, assis sur la fontaine de la place principale dans laquelle nous trempons les pieds qui se recroquevillent instantanément au contact de cette eau de source glacée. C’est l’étape la plus courte du séjour mais après 7 jours de marche, les jambes commencent à être lourdes. Aujourd’hui, sur cette portion rapide et facile, nous pouvons prendre le temps.
Quelques mètres seulement après la sortie du village, un beau point de vue sur le Sancy se dsitingue à la Croix de St Roch. Rien n’entrave ce panorama à 180° et nous devinons même Egliseneuve-d’Entraigues en contrebas, notre phare dans cet océan volcanique. Le sentier longe les clôtures divisant les parcelles de champs et nous fait avancer sur un coteau champêtre à souhait avant de descendre dans le Bois des Champs. Ici, c’est le hêtre qui impose largement sa présence et crée un tableau dense et boisé. Le ruisseau du Lac se fait entendre en contrebas et nous conduit au hameau de la Bastide. Nous sommes subjugués par la beauté des potagers croisés sur la route. En Auvergne, ce savoir-faire et cette main verte semble ne pas s’être perdue dans les méandres des nouvelles générations et s’est gardé le gout du local, du bon et du fait maison.
Après les avoir vues de loin, les Salers, reines des lieux, sont toutes proches dans les prairies attenantes au village. Cette race typique qui donne le nom à ce parcours de randonnée, est une véritable beauté. Ses cornes parfaitement recourbées en « guidon », sa robe d’un rouge/marron flamboyant et sa carrure massive en font l’une des espèces les plus anciennes et rustiques. Certains affirment d’ailleurs qu’elle descendrait directement de l’auroch, ancêtre disparu de nos bovins domestiqués.

Un dernier panorama ouvert sur le Sancy et c’est parti pour une longue descente auprès de hêtres centenaires aux silhouettes tarabiscotées. Nous rejoignons ainsi la petite vallée intimiste de la Loubanère, ruisseau à la limite exacte entre Cantal et Puy de Dôme avant que le chemin nous conduisent à flanc de colline jusqu’à Égliseneuve-d’Entraigues où nous rejoignons notre voiture.
Un Auvergnat Cola bien frais est largement mérité et nous trinquons à la fin de cette belle aventure accoudés à une terrasse de bistrot du village animé.

Malgré sa longueur, ce trek n’est pas d’une difficulté extrême et peut être à la portée d’un randonneur moyen. Une bonne condition physique est cependant et évidemment nécessaire pour tenir la distance ! En plein été, il faudra être vigilant sur la météo car la plupart des tronçons sont très exposés sans aucune possibilité de se mettre à l’abri (de la chaleur comme des orages). Il faut bien tenir compte que le Cézallier porte le surnom de « Petite Mongolie Auvergnate » et reste donc un territoire trés sauvage et reculé. Peu de villes traversées, présence d’animaux (taureaux dans les prairies en période d’estive!), peu de présence humaine, zone blanche pour les téléphones, pas de Starbucks, pas de Zara etc…. Bref, plus qu’ailleurs, pensez à emporter avec vous des éléments de « survie », des cartes, de l’eau et indiquez toujours à un proche votre point de chute du soir. Autant d’éléments évidents lorsque l’on est habitués aux randonnées mais dont il faudra se rappeler en particulier ici.
A PREVOIR :
- De bonnes chaussures de marche (des tiges basse suffisent)+ une paire de basket légère de rechange
- Un budget d’environ 200€ tout compris si vous allez au strict minium (dortoirs, boites de sardines, semoule déshydratée toussa toussa…)
- 2L d’eau dans le sac chaque jour (pas mal d’endroits où on peut remplir les gourdes sur le chemin)
- Des graines et fruits secs ou barres de céréales
- Casquette et lunettes de soleil
- Des repas lyophilisés car vous ne trouverez pas des supermarchés à tous les coins de rue
- Une trousse de secours avec désinfectant, pansements à ampoules, paracétamol, aspirine, cortizone etc…
- Une carte IGN (indispensable !!)
- 8 jours de vacances pour marcher entre mi-mai et mi-septembre (avant et après c’est une seule et même saison : l’hiver.)
J’adore ton style d’écriture et ton humour, j’attends avec impatience ta prochaine expédition.
J’aimeJ’aime
Merci pour ce gentil commentaire, la prochaine aventure arrive bientôt 🙂
J’aimeJ’aime