Seule sur le GR400

Lorsque j’ai annoncé à ma famille que je partais seule, les réactions ont été diverses et variées. Quelques fois étonnés, d’autres fois effrayés, la joie n’a en tout cas pas été la première des réactions de la part de mes proches. Allais-je partir pour les immenses steppes mongoliennes ? Dans les océans indiens habités des grands requins ? Non, rien d’aussi extravagant et lointain. En réalité, c’était sur les traces du GR400, dans le massif central, que j’avais prévu d’aller m’aventurer pour l’été.

Tombée amoureuse du Cantal plusieurs mois auparavant, ces paysages ont été un véritable déclic et il était évident que je devais randonner dans ces décors merveilleux. Seule de préférence. C’était alors un compromis parfait : alors que je réfléchissais depuis longtemps à l’idée de partir en voyage toute seule, ce GR était une occasion parfaite pour partir à l’aventure en solo sans être trop loin de mes proches en cas de problème (attaque de grizzli, kidnapping à la Délivrance ou encore empoisonnement en bonne et due forme). Pour ma grand-mère, il était impensable que je parte sans mon compagnon. Bien sûr, tandis qu’un homme aurait récolté applaudissements et encouragements à l’annonce de cette aventure, ma déclaration a plutôt reçu craintes et conseils en tous genres. Parce que je suis une fille, et qu’en 2019, malgré tout ce qu’on veut bien nous faire croire, ce n’est pas vraiment « normal » qu’une fille veuille s’aventurer seule. Mais trêve de bavardages, vous allez finir par croire qu’il s’agit d’un article chiant sur le féminisme (même si ça l’est quand même un peu).

Ma première réponse à « pourquoi tu veux partir seule » a d’abord été assez floue. Je ne savais pas vraiment, je crois que j’en avais envie, c’est tout. Et puis en y réfléchissant de nouveau, cela devenait évident. Pour la nature. Pour la solitude. Pour la solitude dans la nature. Et puis, évidemment, pour le challenge, pour me surpasser et pouvoir dire « je l’ai fait ». Vous savez, cette sensation d’accomplissement, ce sentiment de fierté de pouvoir cocher la case « randonner seule durant 8jours en pleine nature ».
Alors me voilà partie de Murat, avec mon sac de 9kg et le sourire aux lèvres, pour cette boucle de 140km au cœur du Parc Naturel Régional des Volcans d’Auvergne.

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Photo du départ, le sourire aux lèvres et les yeux encore pétillants

 

JOUR 1 : L’excitation du premier jour, ou la naïveté absolue

De Murat à Super Lioran – 7h / 19km / +1200m

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Paysage typique de gentiane sur fond de Puy Mary

Après un réveil tôt et un bon petit-déjeuner à base d’œufs et fromages, on décolle de la maison pour rejoindre Murat, à travers les paysages désertiques de l’Est du Cantal. Le topo guide indique « départ depuis l’église« . Je triche et dis à mon copain d’avancer encore un peu dans les ruelles au dessus. Je gagne 200m et 5 minutes, ça suffit à me rendre heureuse. Ni une ni deux j’échange mes chaussures d’été pour mes chaussures de marche, je visse ma casquette sur la tête (et je découvre qu’elle est trop petite) et j’enfile mon manteau. En Juillet, dans le Cantal, il fait frais à 8h du matin.

Un dernier au revoir de la main (qui me fait penser à ces adieux de mauvais film d’horreur qui seront, en fait, la dernière fois où l’on a vu cette jeune fille vivante) et j’entame les premiers mètres en suivant ce fameux balisage rouge et blanc qui ne me lâchera pas d’une semelle durant 8jours. Après les premières minutes de marche, sur l’asphalte encore présent, dans les vieilles ruelles de la ville, je me dis « ha mais ça va en fait cette rando, c’est easy« . Et puis très vite, ça grimpe et j’ai chaud. J’enlève mon manteau et je commence à me maudire d’en avoir pris un aussi gros.

Je rencontre mes premières copines de marche. Des saler et des Aubrac qui, j’en suis sûre, me jugent et se demandent ce que je fous à me faire du mal comme ça pour rien. Je rencontre également deux jeunes filles qui semblent faire, comme moi, ce GR400 et cela suffit à me rassurer. Les premiers efforts sont récompensés en arrivant, non sans avoir craché une première fois mes poumons, sur l’immense plateau du buron de Peyre Gary où je prends ma première pause pour le pique nique. Et alors que je me faisais toute une joie de manger enfin, le sandwich acheté le matin même à Murat fut le pire sandwich jamais mangé de ma vie. J’en profite quand même pour profiter du paysage, à l’ombre de mon petit arbre rachitique, et prendre sur mon carnet les premières notes sur ce début d’aventure. A ce moment même, je ressens pour la première fois ce que j’étais venue chercher : la solitude dans une nature inconnue.

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Le buron de Peyre Gary, en pleine cambrousse. Un spot parfait pour le premier pique nique.

Ce kilo et demi de mayonnaise englouti avec dégoût, je reprends la route, difficilement, pour rejoindre deux grosses étapes : Le Rocher du Bec de l’Aigle et le Puy Bataillouse. Il fait très chaud et aucune ombre à l’horizon ne me permet de me reposer un peu. J’enchaîne alors les kilomètres sur une immense crête pour arriver rapidement au Téton de Vénus reconnaissable à … sa forme de téton, of course. En sueur, je dois tout de même bien avouer que les panoramas sont fous et je découvre les premières vues à 360° qui me réconcilient alors à cette fin de journée difficile. Une fois sur la crête, le sentier étroit (une monotrace) est plus facile et très agréable.

Je suis au point culminant de l’étape. Je ne peux que descendre vers la station du Super Lioran. Juste après le très joli buron de Meije-Coste (où il est possible de dormir/manger/boire une suze), un passage en foret bien agréable me permet d’arriver dans cette ville/station qui me semble être une mégalopole après ces 6h passées seule en pleine nature. Je découvre la joie des courses dans les supermarchés riquiqui des villages étapes. Soit 2€50 un paquet de pâtes. Je me contente donc du basique qui me permettra de repartir en pleine forme le lendemain : des pâtes à la sauce, que je déguste sans joie au très beau gîte du Bufadou. Une seule bière (un demi) suffit à me mettre K.O. Il est 20h30, je suis couchée dans mon lit, les jambes en feu.laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4099

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Le téton de Vénus et le chemin en crête
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Le buron de Meije-Coste depuis Vassivière avec, au fond, le Puy Griou

 

JOUR 2 : Le premier sommet et l’assurance gonflée à bloc

De Super-Lioran au Claux – 6h10 / 19km / +900mlaffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4158

Après m’être couchée à l’heure des poules, je me réveille en pleine forme pour cette deuxième journée de marche qui s’annonce plus facile. Oui, il y a 50min en moins d’après mon topo guide. Et je vous assure que 50min en moins, sur 7h, ça fait toujours plaisir. Je prend un petit déjeuner à base de pain, de chocolat et de pain, j’enfile mes chaussures et repars en direction du Col de Rombière en laissant derrière moi la vallée de Super Lioran. Une première bonne grimpette et j’arrive au Col de Rombière puis au Col de Cabre où je découvre d’immenses vues sur les vallées qui s’étendent à mes pieds. Je passe mes premiers petits portillons en bois bien typiques de ces alpages (qu’il est important de bien refermer!). Je me demande alors pourquoi ce portillon alors que je ne vois aucune vache. Et puis si, il y a des vaches. Et même des taureaux (mais je vous en reparlerai en temps voulu). Ici, dans les alpages du Massif Central, les prairies sont tellement immenses que vous vous retrouvez dans l’un des enclos sans même vous en rendre compte.

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Le Col de Rombière et, au loin, le Puy de Peyre Arse

Le Col de Cabre passé, je croise un homme qui me demande sa route et ne sait absolument pas où il se trouve ni où se trouve son frère qu’il a égaré. Ce monsieur avait apparemment décidé de s’aventure en montagne sans carte ni boussole. Je lui indique alors notre position, lui conseille de ne pas aller par là, ni par là, et repars en pensant tout bas qu’il y ai des chances que je retrouve cet homme desséché et picoré par les vautours. La pensée que les gens sont bêtes parfois, à se croire plus malins que la nature, me traverse l’esprit.

Bref, je continue sous le Puy de Peyre-Arse entourée de milliers de fleurs tout autour de moi. Impossible de faire plus bucolique comme paysage. Malheureusement ces fleurs magnifiques ne trouvent pas grâce à mes yeux tant il fait chaud et que l’envie d’avancer vite est plus forte que l’envie de rêvasser. Ce n’est que quelques jours après que j’apprendrai à prendre mon temps, à profiter du paysage, malgré la difficulté.

L’ascension continue plus doucement, à flanc de montagne sur un sentier étroit mais facile qui mène à un col d’où s’ouvre une toute nouvelle vue, sur un tout autre versant cette fois-ci. Sur ma gauche, la forme atypique des fours de Peyre-Arse, tels des dos de créatures endormies, coupés violemment par la Brèche de Rolland, puis, en face, un sommet plus pointu qui se détache du reste du paysage. Ne serait-ce pas le roi des lieux ? Le fameux Puy Mary ? Si si si, c’est bien lui et ses 1783m. Mais avant d’atteindre ce beau, ce grand, ce mythique sommet, une toute autre aventure nous attend : la brèche de Roland. Ne vous fiez pas à son nom faussement vieillot (sorry pour tous les Roland), il s’agit du passage le plus escarpé de tout le GR400 (écrit en rouge dans le topo guide, oui oui !). Bien sûr, nous ne sommes pas face à un niveau de type Mont-Blanc et autre Pic du Midi d’Ossau, mais il faudra tout de même mettre vos mains pour passer cette étape assez vertigineuse, surtout avec un sac à dos de 9 kilos.

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Les fours de Peyre-Arse et leur forme unique, depuis le Puy Mary
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Le passage délicat de la brèche de Roland où vos mains seront d’une utilité absolue

Avant et après la brèche, le sentier qui longe les crêtes est tout simplement fabuleux avec, une fois de plus, des vues à 360° qui vous feront tourner la tête plus d’une fois.

Chemin menant nous arrivons à la face Sud du Puy Mary qui se grimpe alors par un sentier escarpé où seules quelques pierres font office de marche pour une montée à base de squats. Du coup, j’ai fait une crise d’hypoglycémie en milieu de montée. Je vous offre donc deux conseils : emportez TOUJOURS des barres énergétiques ou du sucre pendant vos randonnées et apprenez à lâcher prise quand il le faut (il est important de ne pas se croire plus forts que la montagne).

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Le versant Sud du Puy Mary, depuis les fours de Peyre Arse

Comme si j’avais pris une dose de café directement dans les muscles, je repars sur le sentier et arrive rapidement au sommet du Puy Mary qui apparaît alors comme une première petite victoire sur ce GR. Spot immanquable du territoire, tout bon touriste qui se respecte doit passer au moins une fois par ce sommet qui n’est certes pas le plus élevé, mais assurément l’un des plus photogéniques! Et en bonne touriste que je suis, je me fait évidemment photographier au sommet avant de me poser dans l’herbe douce pour piquer niquer avec l’une des plus belles vues du séjour.

Je redescends ensuite par le versant Nord et découvre la supercherie. Tandis que je croyais que toutes les personnes présentes au sommet avaient, comme moi, sué pour mériter cette vue, je vois en fait toute la flopée de marches sur ce versant qui permettent, en fait, de grimper par un escalier ! Mais j’aurais dû m’en douter lorsque j’ai découverts au sommet les nombreuses sandalettes et autres mocassins aux pieds des gens.

La descente se fait en direction du col d’Eylac où les merveilleux burons offriront gîte et couverts à ceux qui auront choisi de faire étape au pied du géant des lieux. Puis vient l’un de mes passages coup de cœur, entre deux cols, sur un sentier dépaysant, loin de la foule, où j’en profite pour faire une pause au milieu de quelques amis à cornes et à crinière.

Arrivée au Col de Serre, je traverse ensuite un passage bienvenu en foret dans laquelle je fais la rencontre d’une fleur fabuleuse dont je ne connais encore pas le nom mais que je vois partout depuis maintenant deux jours. Attirante par sa couleur rose flashy et sa forme unique de clochettes, la Digitale Pourpre est en fait une fleur hautement toxique qu’il faudra se contenter de photographier.

La sortie des sous-bois fait apparaître l’étape du soir : le village du Claux. Niché dans une vallée bien verte, le village propose gîte et camping ainsi qu’une petite épicerie et un café. Après un bon repas chaud (le premier depuis le départ) servi par mes hôtes, je me couche tandis que dehors il fait encore jour.

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La Digitale Pourpre, une fleur faussement innocente
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Ambiance calme et rurale dans les ruelles du Claux

 

JOUR 3 : Les plus beaux passages sont souvent les plus courts

Du Claux au Falgoux – 4h40 / 15km / +750mlaffaille_julia-4251

Ce jour là, je ne sais quelle force de la nature avait décidé de faire quelque chose de censé : baisser le thermostat des journées dans le Massif Central. Parce que si j’avais choisi ce GR parmi tant d’autres, c’était aussi et surtout car, détestant la chaleur, je savais que je pouvais compter sur la météo du coin pour être assez indulgente même en plein mois de Juillet.

En partant du village du Claux, je me prends donc une première rincée qui fait plaisir au début. Puis plus du tout. Là, ma paranoïa habituelle me murmure « attends Julia, si il y a des orages pendant que tu es dans les alpages, pas sûre que tu reviennes entière!« . Finalement ça ne se calmera pas mais heureusement cette journée s’annonçait être la plus courte de ce trek. Seulement 4h40 de marche pour un dénivelé plutôt raisonnable. Après avoir passé la grimpette menant au Suc Gros, je me retrouve à flanc de montagne sous un ciel orageux habité de dizaines de rapaces tournant au dessus de ma tête et rendant le paysage toujours plus merveilleux (mais avec un petit je ne sais quoi de flippant).

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Des pâturages à perte de vue jusqu’au Puy de la Tourte au Sud
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Vue panoramique sur la Vallée du Mars

Le sentier est merveilleux avec d’un côté, une immense barre rocheuse et, de l’autre, la vallée qui s’ouvre sous mes pieds. Je passe facilement le rocher de l’Aygue pour retrouver, de l’autre côté, une grande prairie que je traverse ensuite au milieu d’un harem de vaches, sérieusement surveillées par leur taureau. Et, malgré la beauté dépaysante du passage, je découvre alors, non sans une certaine appréhension,  le danger ultime de ce GR dont personne ne semble vouloir parler nulle part : éviter les taureaux du coin.

Ne connaissant absolument pas la nature de ces bêtes sacrément imposantes, ni leurs réactions possible, je décide alors de retrouver, plus bas, la clôture afin de marcher le long de cette dernière. Ainsi, si l’un de ces mastodontes décidait qu’il n’aimait pas ma face aujourd’hui, alors je pourrais balancer mon sac de l’autre côté de la clôture puis me jeter moi même pour éviter un choc frontal avec la bête. Pas peu fière de mon idée mais très peu fière face au troupeau qui me surveille, je continue alors mon chemin tout en zieutant régulièrement derrière moi jusqu’à passer, enfin, le portillon qui me sépare définitivement de cet impressionnant taureau.laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4247laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4254

 

Les paysages qui m’entourent sont d’extraordinaires landes dorées dont seul le ciel orageux qui les domine semble arrêter la course vers l’infini. Le paysage est parfaitement minimaliste entre les prairies aux herbes courtes, le ciel et, au milieu, les clôtures. J’arrive au niveau du lieu dit « Le Luchard » où je pique nique seule face à quelques burons en ruines autour desquels quelques vaches broutent tranquillement.

En repensant à ce moment, je peux aujourd’hui dire que ce fut l’un des plus beaux moments de cette randonnée. Une météo presque mystique, un silence absolu seulement dérangé par le vent, une fierté naissante d’avoir bientôt terminé le 3ème jour et, bien sûr, la nature à perte de vue. Tout était parfait.

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Dans les plaines infinies autour du buron Le Luchard

Ma boite de sardines dégustée (mais non savourée), je m’attaque au dernier tiers de cette journée qui me conduit assez rapidement au Falgoux. Le village est charmant, fait de pierres typiques et de décors champêtres où quelques autres touristes sont installés sur les terrasses du centre (au nombre de deux). La journée se termine tôt et à 15h je suis déjà douchée et le duvet est déjà installé sur mon lit. Il ne me reste plus qu’à aller acheter mon fidèle paquet de pâtes et ma sauce tomate à l’épicerie du village avant de revenir au gîte. Une chaise installée au soleil, je m’assois pour lire le seul roman que j’ai apporté avec moi …que j’ai bientôt terminé.

Qu’est ce que les paysages étaient beaux aujourd’hui ! Qu’est ce que je me suis sentie loin de tout ! Et qu’est ce que c’était reposant.  Note pour plus tard : une randonnée de seulement 4h40, c’est bien aussi.

 

JOUR 4 : Remise en question et premiers craquages

Du falgoux au Fau – 7h30 / 18km / +1200mlaffaille_julia-4323

La matinée commence par l’une des montées les plus difficiles du GR. Heureusement c’est en sous bois et l’arrivée promet un panorama grandiose. Mais quand même, qu’est ce que j’en ai ch** ! Avec une naïveté déconcertante, j’entre donc dans ce bois faussement accueillant pour débuter une ascension qui me fait déjà suer mon café de ce matin en quelques minutes à peine après être partie de mon gîte. Le topo guide annonce la couleur : 5,5km en 3h. C’est dit.

Je râle, j’insulte et je balance mon sac à dos par terre à plusieurs reprises. Les pauses sont nombreuses et je me retrouve souvent en détresse totale, les jambes allongées au sol et les joues rouges, au milieu d’une forêt à 8h du matin. Je crois que c’est à ce moment même que je craque sérieusement pour la première fois.

Finalement extirpée de cette foret diabolique après 3h de grimpette, je me retrouve au lieu dit Impramau où la vue m’offre enfin un argument de choix pour faire apparaître sur mon visage un semblant de joie. Quelques énormes roches posées fabuleusement sur un sol herbeux, des sommets qui se dessinent, au loin dans la brume et, sur le côté, une foret qui semble m’appeler. Le décor est merveilleux malgré une météo orageuse.

Cette 4ème journée est clairement marquée sous le signe de la solitude. Une sensation qui se fait désormais lourdement ressentir après 3 jours entiers seule. Alors on se met à parler aux vaches qui n’en ont absolu rien à faire de vous. Je pense même, en cet instant, que je dois commencer à faire peur à voir.

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Le magnifique décor au lieu dit Impramau me réconcilie avec cette journée difficile

Deuxième coin préféré de cette randonnée, le sentier nous descend en foret puis dans le grand cirque de Récusset seulement habité par un ancien buron et un petit cours d’eau dont la fraîcheur bienvenue est une bonne excuse pour faire une pause. Afin de continuer sur un chemin forestier en direction du Puy Violent, je soulève une barrière de fil barbelés. Je me coupe avec le barbelé. Je panique. Je n’ai pas trouvé nécessaire de faire mon rappel tétanique avant de partir pensant que les chances pour que je tombe sur du fer rouillé en pleine randonnée étaient de l’ordre de 1 pour 1000. Je sors donc ma trousse de secours, pas peu fière de cet achat, et me désinfecte pour m’entourer ensuite le doigt d’un joli pansement. C’est fait, je suis désormais une randonneuse badass avec ce pansement au petit doigt.

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Les prairies infinies dans le Cirque de Récusset

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J’arrive sur les coups de 14h au magnifique buron du Violental après une méchante montée pour laquelle je dois puiser dans mes dernières ressources dans le déjeuner du matin. Les vaches n’ont apparemment pas prévues de me laisser manger tranquille et les voilà qui déferlent des prairies alentours pour venir voir ce qu’il se passe ici. Je déguste mon bon pique nique, à base de cantal et de jambon de pays, en profitant de la pause pour enlever mes chaussures de marche. Meilleure sensation de toute une vie. Mais je dois les remettre rapidement : un énorme taureau arrive non loin de là.

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Mes curieuses voisines au buron du Violental

Une dernière grosse montée me fait rejoindre le pied de la Cumine et du Puy Violent où , une fois n’est pas coutume, les paysages s’étendent magnifiquement rappelant quelques steppes mongoles ou landes écossaises.

La météo orageuse a laissé place à une chaleur plutôt lourde et après tous ces repas à base de sandwichs, pâtes et fromages, je suis en manque de fruits frais, de fibres, de légumes. Je trouve alors sur le chemin des framboises sauvages mais pourtant, je ne les mange pas. Je me dis que si il y a une infime chance pour qu’il existe un faux cousin toxique à ces framboises attirantes, alors je préfère mettre toutes les chances de mon côté pour rester en vie. Je repars en imaginant le gout sucré de ses framboises roses qui étaient, très certainement, de vraies framboises et plutôt délicieuses.

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Le Puy Violent depuis la Cumine

Je redescends ensuite en 1h ce que j’ai mis 4h à monter (le petit plaisir des randos en montagnes tmtc) par la vallée de l’Aspre, un alpage grandiose traversée par le cours d’eau de l’Aspre où je me sens minuscule dans ce décor désertique digne d’un western. Avec cette chaleur accablante, je m’imagine repérée par des vautours qui attendraient que moi et mon petit corps frêle tombons raides morts, assoiffés, pour venir picorer mes mollets désormais bien dodus.

J’arrive enfin à au gite étape du soir, au Fau, que je rejoins exténuée et énervée. Seule (pour ne pas changer une équipe qui gagne) dans ce gîte plutôt sombre, spartiate et peu accueillant, la fatigue des ces 4 premiers jours de marche me fait exploser. Je pleure, recroquevillée dans mon sac de couchage trop petit.

 

JOUR 5 : Ce put*** de 5ème jour

Du Fau à Mandailles – 8h / 23km / +1200mlaffaille_julia-4429

Non, ma colère, ma fatigue et mes gros mots n’ont pas diminué depuis la veille. Je me trouve actuellement au pire moment de cette randonnée et rien, absolument rien n’aurait pu me rendre plus joviale. Et surtout pas le petit-déjeuner de la journée qui gagne la mention de « petit-déjeuner le plus triste de ma vie ».laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4378

De toute façon, j’aurais dû m’en douter que cette journée allait être merdique rien qu’en regardant le topo guide. « Aujourd’hui Julia tu vas marcher 8h, tu vas avoir très chaud et tu vas commencer ta journée avec 700m de dénivelé positif. » Après un passage relativement plat, ou du moins, pas forcément très pentu à la sortie du Fau et du très joli village de La Bastide, les choses sérieuses commencent. Le topo guide résume cela simplement : « rejoignez la crête. » Alors je suis là, au pied du Roc d’Hozières qui s’élève droit et énorme au dessus de moi et je distingue plus haut des silhouettes humaines minuscules sur ce sentier en lacet qui me parait, d’ici, assez énervant. Pour vous résumer la difficulté de cette situation : je n’ai aucune photo de ce passage tant il m’était impossible de penser à autre chose que grimper le mur devant moi sous ce soleil de plomb.

J’arrive donc, 3h30 après, au bout de ma vie, ou plutôt à ce fuc**** Col de Redondet.

Je pose mes fesses sur la première motte de terre relativement plate et je me laisse choir telle une pauvre vieille face à un décor grandiose qui s’ouvre devant moi. Le Puy Mary et tout ses amis les cols et les puys des environs se laissent lire dans un paysage parfaitement dégagé sous un magnifique ciel bleu! Et malgré la difficulté pour rejoindre ce col depuis le Fau, je dois bien avouer que c’est l’une des plus belles vues du GR ! Ici nous sommes à la jonction des trois vallées de l’Aspre, de la Jordanne et du Mars, et le spectacle n’en est que plus grandiose.

Mais le bonheur ne dure pas éternellement. Tandis que je commence à avoir très soif, je me rends compte de l’erreur qui a failli être fatale : je n’ai plus assez d’eau pour terminer cette étape. Aucune ombre ni robinet à l’horizon, et, comble de ce problème, mon repas lyophilisé de ce midi va me demander une quantité non négligeable de mon reste de gourde. Je me rationne un maximum mais la journée tourne rapidement au cauchemar. Il est 13h, 4h30 de marche m’attendent encore et je n’ai plus que 300ml d’eau tiédasse.

J’enchaîne le Puy Chavaroche, la plaine de Cabrespine (où j’espère naïvement trouver de l’eau au buron), le Puy de Bassiérou sans jamais tomber sur une rivière ou un bac à eau pour les vaches. La soif se fait durement ressentir et mes nerfs lâchent. Je viens du Sud mais croyez moi, je n’exagère pas si je vous dis qu’il faisait 35 degrés sans un seul souffle de vent. L’enfer sur terre. J’actionne le GPS sur mon téléphone avec un partage de position afin que mon copain me visualise et cherche, en vain, un hameau ou tout autre lieu propice pour trouver de l’eau.

Je dois encore passer une prairie pleine de vaches gardées par un taureau gigantesque. Et tandis que j’approche lentement en suivant la clôture, le taureau se retourne vers moi. Paniquée mais rodée à ma technique pensée depuis plusieurs jours, je balance mon sac de l’autre côté et grimpe dans l’arbre le plus proche. Bloquée ici quelques minutes, je saute alors la clôture pour récupérer le sac et trouver un passage pour repasser de l’autre côté. Et dans le bordel incommensurable de ce moment ridicule, je perds mes lunettes de soleil. Aidée par d’autres randonneurs, je rejoins finalement le bon côté de la barrière (aucune métaphore à voir ici, j’étais bel et bien du mauvais côté de la barrière psychologiquement parlant) pour revenir sur le sentier. Je remercie ces gens, marche quelques mètres, puis fonds en larmes. Encore 3 jours et demi à marcher sous cette canicule annoncée, et je n’ai plus de lunettes de soleil.

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Sous 35 degrés à l’ombre, après la perte de lunettes et une grosse crise de nerf

Mais dans mon malheur, je finis tout de même par tomber sur le lieu dit de Laveissière où, dans la première ferme qui croise ma route, je fouille pour trouver désespérément de l’eau. Ici il y a des vaches DONC il y a forcément de l’eau quelque part. J’en viens à croire que même croupie, j’aurais bu des litres d’eau si j’en avais trouvé.  Et puis je le vois, au loin, ce papi qui se tient au bord de la route, sa canne, son chapeau de paille, sa flasque de prune et ses bottes en caoutchouc. Il m’a vu depuis bien longtemps et observe mon ballet improbable à tourner autour de chez lui. Je me dirige alors vers lui et l’accoste poliment en lui exposant mon problème : je suis en train de crever de soif. Très gentiment il me dit de le suivre pour que je remplisse mes gourdes chez lui. A sa vitesse (et ça fait du bien), nous marchons jusqu’à son chez lui que je découvre avec des yeux de photographe passionnée : ce monsieur, son salon, sa vie ont l’air d’être une mine fabuleuse d’histoires passionnantes que je rêverais de photographier. Je remplis mes gourdes dans ce salon/cuisine/salle à manger sombre rempli de souvenirs, un bazar touchant, tandis que ce papi me propose un verre de gnôle, de la vraie d’ici qui doit, très certainement, vous retourner le cerveau (surtout après 6h de marche et un début de déshydratation). Si vous saviez à quel point j’aurais adoré rester avec lui pour l’écouter me parler de sa vie durant des heures… Je refuse poliment ce verre avec beaucoup de regret. J’ai encore 2h de marche et je dois être à mon gite avant 19h. Je prends tout de même le temps de papoter avec cet homme de 87ans qui me raconte être veuf et ancien agriculteur. Il me parle avec amour de ses bêtes, des Salers dont il fait l’éloge pendant de longues minutes, avant que je le remercie chaleureusement pour son aide.

Impossible de repartir sans le photographier.

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Ce papi adorable qui m’a sauvé la vie

On ne va pas se mentir, aujourd’hui, j’ai failli mourir de soif. Mais j’ai fait une rencontre qui me confirme mon amour pour la photo documentaire qui me fait découvrir des lieux et surtout des personnes avec le cœur sur la main qui prennent plaisir à vous raconter leur histoire. Je me couche en me promettant une chose : j’imprimerai ce portrait et j’irai l’apporter à ce monsieur la prochaine fois que je reviens dans le Cantal.

 

JOUR 6 : Un redoux bienvenu

De Mandailles à Thiézac – 4h35 / 13km / +700m

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Vue sur les sommets des Monts du Cantal depuis Mandailles

Après une très bonne nuit dans le fabuleux gîte d’étape « Vert-Azur » tenu par deux adorables hôtes, je me réveille plus motivée que jamais pour cette petite étape . J’ai fait plus de la moitié du trek et cette journée s’annonce relativement facile. De toute façon, elle ne peut pas être plus merdique que la veille.

Petit plaisir du jour, je déjeune aujourd’hui avec un melon entier, frais et sucré. Je redécouvre le gout du fruit que j’accompagne de mon sempiternel morceau de pain et de chocolat.  Et c’est parti pour cette étape sous le signe de la bonne humeur (pour l’instant) qui débute par un passage plat en lisière de foret. laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4460

Le chemin me grimpe au Col de Pertus avant d’arriver au Puy de la Poche ou un grand troupeau de Salers nous attend sur ce point de vue remarquable. D’ici commence ensuite un passage merveilleux autour de l’Elancèze sur un sentier en crête entouré d’herbes dorées dansant au vent. Les clôtures en bois viennent poétiquement séparer les étendues jaunes du ciel bleu tandis qu’au sol, un mélange d’herbe séchée et de pierres noires se disputent ce patchwork dépaysant.

Pourtant, je râle encore et insulte même à voix haute. Pourquoi ? pour qui ? Pour la nature qui n’est pas tendre avec moi ? Pour cette put*** de chaleur qui continue ? Pour le mec qui a fait cet itinéraire ? Quand je m’arrête pour me reposer, sous un malheureux petit arbuste, le seul qui veut bien me donner un peu d’ombre, je revois la photo de moi le jour du départ. J’étais bien plus fraîche, le visage illuminé par la joie. Aujourd’hui il est illuminé de sueur.

 

Après quelques kilomètres, la civilisation se devine, en contrebas dans la vallée de la Cère après un passage par le hameau riquiqui du Clou puis de la Trielle .

Un dernier passage s’annonce très, très difficile une fois le village de Thiézac dépassé, dans le Chaos de Casteltinet. Le nom suffit à faire frémir, d’autant plus lorsqu’il faut traverser ce « chaos » (qui est en réalité un immense éboulement de roches volcaniques au cœur d’une foret) en fin de journée sous une chaleur étouffante. C’est donc au milieu de cette jungle de roches que j’appelle mon copain, au bout du rouleau. Dégoulinant de sueur et au bout de ma vie, je lui raconte l’enfer de ce passage et le ras le bol actuel. Ne pouvant pas venir me récupérer en hélicoptère au milieu de cette foret, la seule solution est de continuer. Je repars en me rappelant que j’ai fait les trois quarts de cette rando et que quelques minuscules kilomètres seulement me séparent du gite de Lafont

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Le paisible hameau de Lafont

Une fois enveloppée dans mon sac de couchage, j’étudie comme tous les soirs mon étape du lendemain. Je lis et calcule les différents kilomètres et me rends rapidement compte que quelque chose ne va pas. Tandis que le topo guide indiquait une « petite étape » de « seulement » 6h35, je découvre une erreur de calcul. Demain, ce serait finalement 7h35 de marche, soit 1h de plus. Prise de conscience froide et méchante, je m’endors dégoûtée.

 

JOUR 7 : Un concentré de beauté et les prémisses de la fierté

De Thiézac au Col de Prat de Bouc – 7h30 / 18km / +1200mlaffaille_julia-4526

Ce matin je décide de tester une technique bien connue des marcheurs de grandes randonnées : le départ aux aurores. Le but étant de pouvoir se reposer en arrivant plus tôt à l’étape du soir et, surtout, de marcher à la fraîche avant l’arrivée des grosses chaleurs.  Le gite n’étant pas un hôtel 5 étoiles, je ne regretterai de toute façon pas de partir tôt de cette chambre triste et froide.

Le réveil sonne à 6h. Pas un bruit ne résonne dans le gite et tout le monde dort encore. Je descends dans la cuisine, mange un bout tout en faisant bouillir de l’eau. J’ai remarqué du café soluble dans un coin, bien décidé à me faire un petit déjeuner plus décent ce matin. Je mélange l’eau à la poudre, boit une gorgée puis jette le reste dans l’évier. Décidément, on est loin de mon délicieux café au lait de noisettes que je bois habituellement. Plus que 2 jours avant les retrouvailles. Je quitte silencieusement les lieux et entame presque à jeun une montée sur une route en lacet. Au bout du 2ème virage, je m’arrête en bord de route pour manger du pain et du chocolat. laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4522

Le sentier quitte enfin cet asphalte pour laisser place à un chemin herbeux délicieux qui mène au buron de la Tuillière. C’est un bonheur de marcher sur un si joli sentier, surtout lorsqu’il est plat. Mais un panneau face à moi stoppe ma bonne humeur passagère : « Attention taureau méchant, déviation du GR ». Nickel. Je n’ai absolument pas envie de faire un détour inconnu et je me contente alors de choisir sur le sol une branche qui me parait la plus dissuasive possible. Le bâton à la main, un air de bergère du dimanche, je monte prudemment en tendant l’oreille à tout son qui pourrait ressembler à un bruit de taureau enragé au galop.

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Les lumières dorées d’un matin d’été sur la Montagne du Prat

Sans aucune attaque de taureau, je finis par arriver au niveau du très beau buron de la Tuillière (également gîte d’étape) à l’heure la plus magique de la journée. Il est à peine 8h30 et une lumière dorée, encore douce, inonde la Montagne du Prat que je traverse alors avec une impression sensationnelle d’être seule au monde. Je longe un ancien muret de pierres, de ceux que l’on trouve très souvent dans cette région, ceux qui, malgré leur utilisation toujours d’actualité, donnent aux paysages un air d’antan. Au sol, des vestiges de textures volcaniques m’offrent un tapis merveilleux sur lequel je grimpe jusqu’au Puy Gros puis au Col de la Chèvre. Tout autour de moi, ce sont des paysages typiques du Cantal : d’infinies steppes à l’herbe courte et dorée, ponctuées de murets de pierres, de tiges de gentianes, et de vaches par dizaines. Je m’arrête dans ce décor que j’aime tant pour prendre mon 3ème petit déjeuner. laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4555laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4556

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L’heure de la pause face aux paysages typiques du Cantal

La marche continue sur la crête qui mène jusqu’au Puy Gros et au Col de Chèvre. Je traverse toujours ces paysages presque désertiques où quelques croix sont érigées ça et là. Un léger vent permet d’apprécier la température qui commence à grimper au soleil. Les passages en crêtes sont toujours aussi beaux, sûrement les meilleures parties de ce GR. A l’image d’un funambule, la sensation de marcher entre deux vides gigantesques de chaque coté de nos pieds est fantastique.

Je m’arrête au col de Chèvre, face aux vaches et à une vue à couper le souffle sur la vallée en contrebas. Le topo guide indique encore 2h30 jusqu’au Plomb du Cantal. laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4564

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Vue sur le Puy Griou depuis le Col de Chèvre

Après un dernier effort sur l’un des sentiers les plus beaux et parfaitement montagnards, entre vallée et puy, j’arrive enfin au pied du géant des lieux. Le Plomb du Cantal qui culmine à 1855m, est le sommet le plus élevé des Monts du Cantal et deuxième plus haut du Massif Central après le Puy de Sancy.

Après avoir marché des heures sans croiser personne, j’ai l’impression d’être ici sur une véritable autoroute. Tandis que j’arrive à pied d’en bas, les trois quarts des randonneurs redescendent, en sens inverse, après s’être fait monter par le téléphérique. Et je parie qu’ils se vanteront d’avoir gravi le sommet… Je décide de poser mes fesses ici, face à cette vue qui domine tout les monts alentours pour manger mon sandwich, accompagnée par les cris et pleurs incessants des gamins autour. Après 7 jours en pleine nature, j’avais oublié ce qu’étaient les lieux touristiques, et ça ne m’avait pas manqué.

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Au sommet du Plomb du Cantal, point culminant des Monts du Cantal

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D’ici, à l’opposé de la vallée de Super Lioran, le col de Prat de Bouc se faire voir , tout en bas. La descente se fait rapide et pressée. Pressée d’arriver, et pressée de tremper mes pieds dans ce cours d’eau que je devine en contrebas et qui me fait rêver. La terre est extrêmement sèche et je marche alors étouffée par la poussière ocre qui s’en dégage et vole à chacun de mes pas.

J’arrive finalement au Col de Prat de Bouc bien plus tôt que prévu (ouais ouais je marche plus vite que le topo guide) après m’être baigné les pieds dans la rivière glacée, je me retrouve à 13h devant le gîte…qui n’ouvre qu’à 17h! Poisseuse et au bout de ma vie, je vais dans le bar restaurant d’à côté tenu par les propriétaires du gîte pour me présenter et indiquer mon arrivée. Malgré une heure d’ouverture définie, la patronne veut bien m’ouvrir le gite plus tôt que prévu, juste après son service. Je crois qu’elle a eu pitié de moi. J’attends sur la terrasse du café et me commande alors un smoothie. Après avoir serré la ceinture niveau budget pendant toute une semaine, je me lâche et paye ce smoothie plus que moyen 5€50. Yolo, on a qu’une vie et je meurs de soif. Et puis il faut savoir se récompenser de temps en temps. J’enlève mes chaussures et sirote ma récompense fraise-banane en admirant le paysage qui m’entoure.

A 14h30, la patronne m’ouvre gentiment le gîte que je découvre avec des milliards d’étoiles dans les yeux. C’est la nuit la plus chère de mon séjour mais je comprends rapidement pourquoi. L’endroit est magnifique, calme et immense. Comble de mon bonheur : je suis seule dans cette grande maison et le salon me propose un canapé maxi moelleux et une télé face à laquelle il est impossible de résister. Je l’allume et, comme si un bonheur n’arrivait jamais seul, je tombe sur des épisodes de Malcolm. Amen. Cette journée ne pouvait pas mieux se terminer.

 

JOUR 8 : La délivrance et les retrouvailles

Du col de Prat de Bouc à Murat – 4h30 / 16km / +450mlaffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4581

Après une excellente nuit dans un excellent lit, je descend dans la cuisine du gîte pour déjeuner, seule face à la vue que me propose la grande baie vitrée. C’est la dernière fois que je mange un petit déjeuner aussi nul et, dans quelques heures je serai au restaurant pour m’empiffrer généreusement. J’enfile une dernière fois l’un de mes tee shirt que je ne peux plus voir en peinture, mes chaussures que je déteste et, enfin, mon fichu sac à dos (qui n’aura, soit dit en passant, jamais été aussi léger que ce dernier jour !).

Bye le Col de Prat de Bouc ! Direction Murat, la civilisation et la délivrance.

A la lueur du petit matin, alors que la nature encore endormie sous la rosée de la nuit commence à peine à se réchauffer, j’entame cette dernière ligne droite en direction de la vallée que je distingue d’ici. Les premiers rayons de soleil réchauffent l’herbe, les feuilles, le sol, et les paysages autour de moi commencent à fumer  pour se débarrasser peu à peu de cette humidité encombrante. J’entre dans un bois magique dans lequel le soleil n’a pas encore percé. Il fait frais, comme tous les matins d’été dans le Massif Central. Je traverse de nombreux petits cours d’eau sous les sapins géants qui m’offrent leurs racines comme marches naturelles.

Malgré la beauté des lieux, je ne peux m’empêcher de penser que ce genre de sentier, en foret, à l’ombre et à plat, aurait été le bienvenu durant ces jours de randonnées. Mais cette semaine ressemblait à tout sauf à ça.laffaille_julia_focusaventure_GR400_cantal-4589

Le sentier continue de descendre, à ma plus grande joie, sur un large sentier forestier qui mène au Cirque de Chamalière, ancien cirque glaciaire, merveilleux site naturel que je contemple, minuscule, d’en bas. Il est 10h et 2h de marche m’attendent encore. C’est là que je réalise à quel point tout est relatif. Alors que mon temps de marche moyen cette semaine était de 6h par jour, c’est comme une folle heureuse que j’apprenais que le dernier jour ne faisait « que » 4h30 de marche. La veille au soir, je m’endormais alors en pensant que cette étape allait passer comme une lettre à la poste. Et pourtant, 4h30 de marche est en soi une randonnée assez conséquente en temps normal, chose que je réalise alors en ce jeudi 25 Juillet 2019, à 10h du matin en pleine foret, un ras le bol plein les pieds.

J’arrive au Col de la Molède, très belle prairie qui donne instantanément envie de s’asseoir pour profiter des paysages pastoraux du coin. Il y a même quelques bancs installés face à des panoramas merveilleux.

Au sortir de la foret, la vue s’ouvre entre deux arbres. Telle une oasis en plein désert apparaissant à un assoiffé, les toits de lauze de Murat m’apparaissent . Jamais un lieu aussi proche ne m’aura paru aussi lointain et inaccessible. J’ai envie de partir tout droit, de couper à travers champs. Je suis persuadée que cela m’amènera plus rapidement au centre du village. Mais je repense à l’une des raisons pour laquelle j’ai souhaité faire ce GR : réaliser un challenge, une boucle, que je me devais de terminer entièrement pour ressentir ce sentiment inégalable d’achèvement, d’accomplissement. Je continue alors le sentier, croise mes dernières copines du séjour, quelques vaches et leurs merveilleux bébés qui, une dernière fois, me regardent passer sans comprendre. J’arrive enfin à la dernière étape du topo, le hameau de Albepierre-Bredons, fabuleux petit coin de paradis aux maisons typiques qui me rappellent pourquoi j’aime cette région.

 

Le dernier kilomètre qui me ramène à Murat se fait sur la route, un goudron brûlant dont je n’avais plus l’habitude et qui me donne l’impression d’être un animal sauvage marchant pour la première fois sur cette texture jusque là inconnue. Des voitures me doublent et je grimpe difficilement la dernière montée qui mène à l’église. Je me fie au clocher qui dépasse des toits pour me diriger vers ce point d’arrivée tant attendu. Une fois devant je cherche du regard mon compagnon censé m’attendre sur le porche du bâtiment. On se reconnait (ou du moins je le reconnais tandis que lui me reconnait plus difficilement) et, comme dans une mauvaise comédie romantique, on se sert longuement dans les bras. Il me regarde de haut en bas, content de me retrouver mais assez honnête pour me dire en rigolant : « Tu ressembles à un cure dent dans des chaussures de randonnées« . J’ai envie de lui répondre que lui aussi ressemblerait à un cure dent si il avait marché 140km en ayant crevé de soif. Mais je rigole beaucoup trop et on s’éloigne en direction de ma récompense : un restaurant aux spécialités auvergnates où j’engloutis en 10min l’équivalent de mon poids en viande et frites.

Et ça c’est cadeau : ma tête 10min avant d’arriver à Murat, après 140km , un bouton de fièvre, des cheveux sales et un manque de sommeil évident.

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Pour ceux qui ont eu la flemme de lire ce pavé, je conclurai cette expérience ici par quelques remarques (totalement subjectives) :

Ce GR400 n’est certes pas le plus difficile de France (comme peuvent l’être le GR 20 ou le GR54) mais n’est tout de même pas parmi les plus faciles. Ça vous aide, n’est ce pas ? En réalité de nombreux cols et puy sont à passer et ce, le plus souvent, au départ des vallées où se trouvent les étapes du soir. Les dénivelés sont donc importants et ce tous les jours (comptez un minimum de 700m de dénivelé positif par jour, et jusqu’à 1200m certains jours).Si je devais donc reprocher quelque chose à cette randonnée c’est le dénivelé trop important qu’elle nous impose chaque jour et le manque de passages plats où l’on peut, enfin, prendre le temps de profiter des paysages. J’ai personnellement passé beaucoup de temps à regarder mes chaussures plutôt que le paysage à cause de la difficulté des montées qui ne me donnaient qu’une seule envie : arriver en haut le plus vite possible. Une fois arrivé au sommet, la fatigue est telle qu’il nous tarde alors de redescendre. Et l’on rencontre alors la deuxième difficulté du séjour : les descentes, souvent abruptes et glissantes, d’autant plus avec un sac de 9kg sur les épaules.

Je conseille alors ce GR aux randonneurs aguerris, habitués aux terrains montagneux, qui ont une bonne condition physique et qui souhaitent s’imposer un challenge sportif. Si vous souhaitez randonner plusieurs jours pour profiter de paysages, prendre le temps ou marcher entre amis, ce n’est pas le GR que je vous conseille de faire. Cependant, toutes ces difficultés de terrain n’enlèvent en rien la beauté des paysages, les incroyables panoramas, souvent à 360 degrés, qui vous feront instantanément tomber sous le charme du Cantal et vous étonneront sur les merveilles que l’on peut trouver en France. Sachez aussi que ce GR se composent de 5 GR en boucle qui peuvent chacun se faire sur 2 à 3 jours.

 

A PRÉVOIR : 

  • De très bonnes chaussures de marche à tige moyenne + une paire de basket de rechange
  • Un budget d’environ 200€ tout compris si vous allez au strict minium (à savoir des dîners à base de pâtes, des piques nique à base de boites de sardines et les gites d’étapes)
  • 3L d’eau dans le sac chaque jour
  • Des graines et fruits secs ou barres de céréales 
  • Casquette et lunettes de soleil 
  • Un sac de 10kg maximum (si, comme moi, vous n’êtes pas Schwarzi)
  • Une trousse de secours avec désinfectant, pansements à ampoules, paracétamol, aspirine, cortizone etc…
  • Une carte IGN (elle et sa précision peuvent vous sortir de bien des problèmes)
  • Une deuxième personne dans votre tête pour les moments de solitude
  • 9 jours de vacances pour marcher entre mi-mai et mi-novembre (avant et après c’est une seule et même saison : l’hiver.)

 

LA VIDÉO SUR CE VOYAGE C’EST PAR ICI :

23 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. kikimagtravel dit :

    Comme je te l’ai déjà dit, cet article mérite amplement un livre de poche !!! Si une maison d’édition passe par là un jour, j’espère qu’ils auront la fabuleuse idée de t’écrire !!! En attendant, c’est fou à quel point tu arrives à nous transporter dans ton périple et à quel point on peut se glisser dans ta peau. Je te trouve tellement courageuse, vraiment je serais incapable de faire ça même si de te lire ça fait clairement rêvée. Par contre, si un jour tu veux qu’on se fasse un périple ensemble je suis prête !!!!! mdr mais pas sans toi !!!!!! =)

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  2. Hello 🙂
    Merci encore infiniment pour ton attention, ta gentillesse et tes encouragements 🙂 Pourquoi pas un petit livre de poche oui qui pourrait s’intituler « Galères et émerveillements quand on randonne seule » ^^
    Et avec grand plaisir un périple ensemble ! J’ai adoré marché toute seule mais j’aimerais aussi beaucoup marcher avec des copines, ça doit être tout aussi chouette 🙂 Si tu passes en Auvergne je t’accueille et on se fait une rando 🙂

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  3. Bravo pour ce challenge, pas évident de randonner seule, mais j’imagine que c’est une expérience à faire une fois. Tu nous transporte en tout cas très bien tout au long de tes états d’âme qui paraissent bien normaux vue l’expérience. Les paysages sont superbes et me rappellent tellement mon séjour avec Kiki en Auvergne.

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    1. Merci Marieke pour ton passage ici 🙂 Je suis vraiment super contente si le récit réussi à transporter un minimum le lecteur, je suis tellement passée par des sentiments et émotions différentes que j’avais peur que retranscrire ça à l’écrit fasse un peu « flou » ou brouillon ^^ En tout cas si tu repasses en Auvergne un jour dis le moi qu’on s’y voit 😉

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  4. ioulia dit :

    Ce voyage est un peu une des randonnées que je rêve de faire seule. Je me suis totalement reconnue dans l’introduction de ton article. Je voudrais partir randonner seule, en autonomie, dans les paysages du Massif Central (Aubrac ou Cantal surtout). J’ai 16 ans alors bien sûr je uis « trop jeune » (d’après mon entourage). Ça ne m’empêche pas de vouloir partir ici, en France, malgré les voyages que j’ai eu la chance de faire à l’étranger. Et tes photos sont très belles, surtout celles des paysages de plaine parsemée de montagne, sans maison ou juste une cabane. C’est mon paysage de rêve français 🙂

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    1. Bonjour Ioulia et merci infiniment pour ton commentaire !
      Ce genre de paysage typique du Massif central est tout ce que j’aime ausi (je rêve très prochainement d’aller randonner du côté de l’Aubrac cette fois-ci, c’est une merveille!)
      Je te souhaite de réaliser cette randonnée un jour. 16ans c’est jeune bien sûr (peut-être un peu trop pour ce genre de randonnée en pleine nature?) mais tu auras tout le temps de la réaliser dans quelques années. Je pense même que tu auras plus de recul pour mieux apprécier cette experience 🙂 En tout cas c’est vraiment super que tu aies ce genre de rêve à ton âge, cela promet de belles choses pour l’avenir !
      Bien à toi,
      Julia

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  5. lalykorneillettree dit :

    Chouette première randonnée d’une semaine, bravo !!!!! Que d’aventures et de péripéties, j’adoooore !!!! Il faut se méfier des taureaux 😮 !!!! Je projette des aventures en solo pour le printemps, j’espère que la solitude ne me pèsera pas trop, mais j’avoue que c’est trop tentant comme expérience…. Merci pour ce chouette reportage plein d’humour que j’ai lu en entier sans la moindre difficulté ❤ ❤ ❤ !!!! Bisous

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  6. Delphine dit :

    Bravo ! Faire une randonné seule sur plusieurs jours, est une vraiment une chose que j’aimerais faire un jour !

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    1. Bonjour Delphine,
      Merci pour ton commentaire et ton soutien ! Si c’est une chose que tu souhaites faire alors fais le ! Choisis un lieu que tu aimes en France (il y a des GR vraiment partout, de toutes les tailles!), prépares toi bien (physiquement et pour le matériel) et fonce 🙂 C’est vraiment une expérience extraordinaire !

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  7. Delphine dit :

    Bravo ! Faire une randonné seule sur plusieurs jours, est une vraiment une chose que j’aimerais faire un jour !

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  8. Certaines photos ont des airs d’Islande ! C’est magnifique cette lumière dorée.

    En tout cas, Julia… Je suis désolée de te l’annoncer mais : TU RESTES FRAICHE MÊME APRÈS 8 JOURS DE MARCHE. C’est quoi ton secret, haha ? ☺
    Ça me donne tellement envie de partir là, tout de suite. Tu veux pas faire le GR34 avec toi, dis ? Ou la West Highland Way ? Huhu.

    Sinon, concernant les aventures solo, quand on est une femme… Ça me gonfle de plus en plus de devoir me « justifier » sur le pourquoi du comment je vais partir seule et c’est comme, ça vous ne me ferez pas changer d’avis. Les seules fois -pour le moment- où je me suis sentie en danger, c’était face à la nature.

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    1. Hooo merci pour ton commentaire ❤
      Franchement j'ai pas de secret pour avoir cette face de déterrée ^^
      Et franchement ? Je suis GRAVE partante pour qu'on fasse le GR34 ensemble !!! Je suis toujours à la recherche de nouvelles copines pour partir avec moi à l'aventure tu sais !

      En effet les choses évoluent assez doucement de ce côté là…une femme qui part seule à l'aventure est encore vue comme un mystère, une étrange créature. Je ne sais pas si tu la connais mais je suis fan de Sarah Marquis, c'est un modèle pour moi, une vraie guerrière 🙂

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  9. Stephane dit :

    Bonsoir, je vous dit bravo pour votre récit et pour cet effort fourni. J’ai pris plaisir à vous lire et je vais partager votre récit avec mes enfants, ah oui j’ai 52 ans et depuis deux années je pars en rando en bivouac avec eux. Avec mon fils nous avons fait rêver ma fille qui est très sportive et l an passé elle a participé à la rando et à kifé😂. Cette année nous nous aurientons vers le gr 400 et avec votre récit ils vont avoir un avant goût du périple 😂 . Encore bravo et je vous souhaite plein de randos. Cordialement. Stephane.

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    1. Bonjour Stéphane,
      Je vous remercie grandement pour votre message et votre venue sur le blog !
      Vos enfants doivent être ravis de partir à l’aventure comme cela avec vous (même si quand on est ados, on ne se rend pas forcément compte de la chance que l’on a d’avoir des parents qui nous font découvrir plein de choses 😉 )
      Comptez-vous faire le GR400 dans sa totalité ? C’est un sentier merveilleux avec, tout de même, d’importants dénivelés! Mais si vous êtes bon marcheurs et sportifs alors aucun soucis 🙂
      Merci encore à vous et à très bientôt !

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      1. Stephane dit :

        Bonjour Julia, merci pour votre réponse. Alors pour vous répondre, je suis un peu sportif je fais du vélo et de la marche et l effort ne me fait pas peur….. sans prétentions. 😂Les enfants ont bientôt 30 et 27 ans donc ne sont plus ados 😂😂😂 mais quels plaisirs de partager ces moments. Et oui, nous allons faire le gr 400 en totalité et tout comme moi, les enfants estiment qu il faut que sa grimpe un peu oups. Nous avons hâte de partir il me reste à préparer un peu d un peu plus prêt le parcours, ce que je vais faire ces prochains jours . Youpi

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  10. Alizée M. dit :

    T’es une grande dingue Julia xD
    J’aurais jamais fait un truc pareil mon dieu. j’ai vécu avec toi là ahah
    Et cette histoire de papi.. Tellement touchant ce monsieur !

    Tes photos sont super jolies et ton texte est super bien écrit !

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    1. Merci encore pour ton gentil commentaire Alizée 🙂 Et merci d’avoir tout lu ^^
      C’était carrément dingue cette aventure et mon petit doigt me dit que je recommence (en pire) cet été 😀

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  11. Renoir dit :

    Bonjour Julia

    Je suis devant mon petit déjeuner pain beurre et confiture, j’avais enregistré votre post,.
    je le visionne ce matin avec le plus grand des bonheurs celui qui vous met le sourire aux lèvres dès led premières heures.
    Quelle épopée merci pour ce descriptif très intéressant et votre humour dans votre récit qu’est-ce que j’ai pu rire.
    Et en même temps Je vous j’admire d’avoir fait ce gr 400 seul face à vous-même.
    Vous êtes passés devant ma maison où cet été 2019 je n’étais pas encore.
    Le Cantal est pour moi significatif de bien-être dans cette nature exceptionnel, et vous m’avez donné envie de remonter sur les crêtes pour une très belle randonnée mais peut-être pas le GR400 tout entier, car apparemment vous en avez vraiment chier .😂
    Je suis en août sur la commune du Claux au lieu-dit la jarrige.
    Maison traditionnelle aux volets rouges
    Si vous repassez par là un de ces jours arrêtez-vous
    Bravo en tout cas, vous êtes très meritante !
    🤗 Bonne continuation

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    1. Bonjour Delphine,
      Je vous remercie infiniment d’avoir pris le temps de lire ce récit et de m’écrire ce gentil commentaire 🙂
      Je suis heureuse si j’ai pu vous faire rire le temps d’un article, heureuse également d’avoir pu vous donner envie d’arpenter les beaux décors du Cantal encore plus ! En effet cette région est synonyme de bien-être, j’en suis tombée amoureuse et y retourne très bientôt !
      Je ne manquerai pas de toquer à cette maison lors de mon prochaine passage 😉
      Très beau week-end à vous et à bientôt 🙂

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  12. Lila dit :

    Hello Julia,
    Je ne suis pas du genre à lire des histoires des gens, mais franchement j’ai lu la tienne et pour la première fois je ne me suis ennuyé 😀
    Je suis tombée sur ton blog, car je suis sur le point de préparer mon départ pour le GR400, et je suis vraiment très contente (rassurée) de voir qu’ils existent des filles qui ont la même idée que moi 🙂
    J’ai fais le GR20 l’année dernière, mais je n’ai jamais partagé cette expérience 🙂 donc s’il y en a qui ont des questions, n’hésitez pas 🙂

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    1. Hello Lila !
      Ton commentaire me fait super plaisir et je te remercie 🙂
      Tu vas vraiment te régaler sur ce GR et n’hésite pas à me dire si tu as des questions 😉 Tu pars seule ?
      Et je suis épatée que tu aies fait le GR20, il doit être super difficile et tu vas trouver le GR400 beaucoup plus facile du coup !
      Belle préparation à toi et à bientôt 🙂

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    2. delphine dit :

      Bonjour,
      Je souhaite le faire cet été également, en juillet et toi? peut être que nous nous croiserons =)
      GR 20 fait également =)
      bonne randonnée!

      Merci Julia pour ton article qui me rassure également! Car je n’ai jamais randonnée seule donc j’ai des appréhensions!

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      1. Bonjour Delphine,
        Je suis super heureuse qu’il y ai d’autres filles qui fassent ce GR toutes seules ! Tu vas te régaler et en prendre plein les yeux (et les mollets !^^)
        Et bravo d’avoir fait le GR20, ça doit être super difficile !

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